En 2024, le marché mondial de la K-Beauty atteint 14,6 milliards $ et devrait plus que doubler pour frôler 38 milliards en 2033, soit un rythme annuel moyen de ctroissance d’environ 11 %. Pas mal pour un secteur de niche émergent !
Dans le même temps, la « clean beauty » pèse près de 9 milliards et pourrait dépasser près de 21 milliards dès 2030 grâce à une croissance annuelle de près de 15%.
Cette expansion est portée par la Génération Z : 68% d’entre eux font de la durabilité un critère d’achat prioritaire et 56% se déclarent prêts à payer plus cher pour un produit éco-conçu, quand la moyenne des consommateurs accepte déjà un surcoût proche de 10 % pour des biens responsables. Une aubaine pour les marques qui souhaitent sur cette vague de la beauté éthique.
Les emballages concentrent l’attention : évalué à 57 milliards en 2025, le marché mondial du packaging cosmétique vise 80 milliards en 2032, tiré par la demande de solutions recyclables et rechargeables. Déjà 54% des acheteurs beauté choisissent sciemment un produit pour son pack durable et 46% paieraient davantage si celui-ci est recyclable.
Face à cette pression, les leaders coréens accélèrent : Amorepacific promet 100 % d’emballages réutilisables et zéro déchet enfoui d’ici 2025 tandis qu’Innisfree généralise flacons rechargeables et étuis en papier certifié. Pour FSC Kolmar Korea, la promesse responsable tient dans la réduction de 45 % du plastique utilisé dans les pochettes de masques grâce à un film papier innovant.
L’essor d’un marché conscient
La K-Beauty doit historiquement son succès à l’innovation-produit : textures légères, actifs botaniques et rituels en plusieurs étapes. Désormais, la performance ne suffit plus : la transparence sur la chaîne d’approvisionnement, les formules courtes et la neutralité carbone deviennent des points de différenciation décisifs. La Corée, forte d’un écosystème R&D agile, répond plus vite que les mastodontes occidentaux : 20 % des lancements cosmétiques coréens en 2024 arborent déjà une allégation « vegan » ou « cruelty-free », et le marché sud-coréen du cruelty-free dépasse 7 milliards $.
Pour les distributeurs spécialisés comme Olive Young ou Aritaum, ces références « green » génèrent une croissance deux fois plus rapide que les gammes conventionnelles. Les mêmes codes gagnent les podiums : maquilleurs de Séoul Fashion Week privilégient désormais des bases hydratantes issues d’extraits fermentés et des poudres minérales sans talc controversé.
Les champions coréens de la durabilité

Amorepacific vise la neutralité carbone en 2050, mais sa feuille de route immédiate est claire : énergie 100 % renouvelable d’ici 2026, emballages mono-matériau et plateformes de retours vides en magasin.
Innisfree pousse plus loin : verre allégé, plastique PCR, pack secondaire en papier FSC imprimé à l’encre soja et, surtout, un système de recharges pour son célèbre Green Tea Serum qui supprime 52 tonnes de plastique par an.
Kolmar Korea, fabricant pour une cinquantaine de marques, a conçu une pochette de sheet-mask en cellulose de bambou et amidon de maïs : biodégradée en 16 semaines en compost industriel, elle réduit de 45 % le poids plastique et diminue l’empreinte carbone de 18 %.

Ces initiatives créent un nouveau standard : à l’image des labels bio dans l’alimentaire, les logos « rechargeable », « low-waste » ou « upcycled » deviennent des repères d’achat et un argument marketing aussi puissant qu’un sac griffé.
Packaging circulaire : la nouvelle course au luxe
Le packaging est au soin ce que la maroquinerie est au prêt-à-porter : un symbole de statut. Mais le prestige bascule vers la circularité : flacons airless rechargeables aux lignes sculpturales, pots en aluminium brossé consignés, étuis pliés dans un papier artisanal coréen à fibres de mûrier. Les marques rivalisent d’ingéniosité :
- Capsules de crème en bioplastique d’algue, 100 % compostables.
- Bâtons de rouge à lèvres modulaires : on conserve l’écrin en métal, on clipse la recharge.
- Encres à pigments végétaux, neutres en carbone, offrant un rendu haut de gamme.
Parallèlement, des places de marché spécialisées revendent en seconde main boîtes « collector » ou flacons d’édition limitée, prolongant la durée de vie de l’objet et créant un marché des « beauty antiques ».
Routine responsable : mode d’emploi express
Étape 1 : nettoyage conscient
On remplace le coton jetable par une huile démaquillante solide dans un pot en acier inox, à racheter en vrac au litre.
Étape 2 : hydratation minimaliste
Un seul sérum-essence 3-en-1 renfermant tremella fuciformis (champignon hydratant) et cica bio ; flacon verre 30 ml rechargeable.
Étape 3 : protection reflet-dewy
Une crème solaire minérale SPF 50+ à l’oxyde de zinc non nano, parfumée à l’ylang ylang upcyclé.
Étape 4 : soin ciblé
Patch hydrogel bio-dégradable et ampoules à mélanger minute dans des fioles de verre brun.
Pour dénicher chaque produit sans se perdre dans les allégations, direction cette sélection de produits cosmétiques coréens : la boutique référence uniquement des formules certifiées cruelty-free, filtre les silicones controversés et affiche l’empreinte carbone du pack.
Quand le style s’illumine grâce au soin
Le glow coréen n’est pas qu’une tendance Instagram : il structure la silhouette. Une peau invisiblement maquillée met en valeur un blazer en lin lavé ou un jean selvedge brut. Les stylistes misent sur la cohérence sensorielle : textures satinées des tissus, reflets nacrés d’une cushion-cream, palette neutre des vêtements pour laisser briller le teint. Le maquillage minimaliste (baume teinté, mascara brun, houppette de poudre transparente) prolonge la démarche « less but better » chère à la mode responsable.
Vers un futur régénératif
La prochaine frontière se niche dans le concept « beauty positive » : formulations à base d’extraits marins qui capturent davantage de carbone qu’elles n’en émettent ; fermentation micro-algale générant des actifs avec 90 % d’eau en moins ; emballages se plantant en terre pour libérer – au lieu de polluer – des nutriments dans le sol. Des start-up coréennes testent déjà des flacons d’ampoules en mycélium et chitosan, entièrement biodégradables, rémunérant les fermiers locaux pour les déchets de champignons.
À terme, le soin ne sera plus « neutre » mais pro-planète : chaque produit acheté restaurera de la biodiversité, exactement comme une veste upcyclée relance l’économie circulaire textile. À l’heure ou la filière du recyclage textile en France est en panne (collectes "Le Relais" à l’arrêt en Juillet 2025), la beauté ou la mode positive doivent encore faire leurs preuves.