Le yoga facial, longtemps cantonné aux studios de bien-être, a franchi la porte des backstages pour devenir un véritable accessoire de mode. De New York à Paris, les shootings « no make-up » et les défilés aux visages glowy reposent désormais sur des « workouts » du visage aussi indispensables qu’une mise en plis. Les chiffres le prouvent : plus de 2,5 milliards de vues TikTok pour #faceyoga, un marché mondial du yoga évalué à 107 milliards en 2023 et projeté à près de 10% de croissance annuelle jusqu’en 2030, et une marque pionnière, FaceGym, qui réalise près de 2 millions de ventes e-commerce par an. Résultat : le visage devient la nouvelle zone à « styler », inspirant créateurs, mannequins et griffes d’accessoires.
De la salle de sport au podium
FaceGym, fondé à Londres en 2014, a transformé la séance de soin en entraînement musculaire ludique : l’entreprise vient de lever 24 millions $ auprès de Reliance Retail pour accélérer son déploiement mondial. La marque ne se contente plus de cabines : ses coachs massent désormais les mannequins dans les loges. Exemple marquant : le défilé printemps-été 2025 de la designer estonienne Johanna Parv où chaque modèle est monté sur le runway sans une goutte de maquillage, juste après un « work-out » facial FaceGym.
Cette esthétique « peau nue mais liftée » fait écho à la tendance « Pilates Face » repérée chez Victoria Beckham, Giambattista Valli, Stella McCartney ou Dior lors de la Fashion Month SS25, où le glow post-sport remplace le contouring lourd.
Du studio au smartphone : yoga & coaching digital
Le yoga facial s’apprend désormais en streaming : programmes vidéo de 5 à 9 semaines, tarifés entre 40 € et 170 €, accessibles partout.
Case study : Dorina Darii

La facialiste française Dorina Darii propose, via yoga du visage, plus de 700 tutos classés par besoins : ovale, gua sha, taping. Accès de 6 mois à illimité, 90 € à 170 €, sans matériel requis. Chaîne YouTube et webinaires mensuels alimentent une communauté active qui partage ses avant/après, preuve qu’un modèle 100 % digital peut aussi rivaliser avec les accessoires haut de gamme.
Quand le shapewear part à la conquete du visage
Kim Kardashian, elle même a compris l’opportunité : fin juillet 2025, SKIMS a lancé le « Seamless Sculpt Face Wrap », un bandeau compressif à 48$ annoncé comme l’équivalent facial de sa célèbre gaine. Le produit s’est vendu jusqu’à épuisement du stock en quelques heures, ne laissant qu’une liste d’attente aux retardataires, et a déclenché un débat médiatique immédiat sur la marchandisation du self-care.

Indépendamment des polémiques, l’initiative confirme que la mode textile investit désormais la sculptabilité du visage : après la taille et les hanches, place à l’ovale !
Des outils “fashion-friendly” : gua sha high-tech et jaw-sculpt chromé
La popularité des accessoires beauté haut de gamme ne faiblit pas. FaceGym s’est associé à la maquilleuse Isamaya Ffrench pour lancer le Sculpt 01, un outil en métal chromé qui combine les gestes d’un gua sha et d’un petit peigne, vendu autour de 60 $ sur leur boutique en ligne.

Conçu pour lisser et tonifier les traits, son fini miroir est si photogénique qu’il sert parfois lui-même d’accessoire décoratif durant les séances photo.
Mannequins et make-up artists, premiers ambassadeurs
Lila Moss confie qu’elle masse son visage avec l’outil Multi-Sculpt de FaceGym avant chaque Fashion Week pour dégonfler les joues et garder un ovale net
Dans la vidéo « Beauty Secrets » de Vogue, le mannequin Abby Champion passe successivement trois rouleaux faciaux avant même d’appliquer son anticerne, jurant par cet « effet circulation express »
Côté make-up, la star des coulisses Pat McGrath a transformé son célèbre rituel “glass skin” en un masque peel-off baptisé Glass 001 Artistry Mask, né des tapotements lumineux qu’elle pratique backstage pour préparer la peau avant ses pigments holographiques
Les griffes “clean” surfent sur le glow naturel
Miranda Kerr, fondatrice de KORA Organics, vante dans ses interviews l’alliance gua sha + yoga facial pour « activer la circulation avant le maquillage » : elle articule ainsi cosmétique bio et gestuelle musculaire. En s’appuyant sur la crédibilité bien-être de telles ambassadrices, les marques éco-responsables positionnent le visage tonifié comme un prolongement de la mode durable : un éclat obtenu sans procédures invasives, aligné avec la demande Gen Z pour des solutions toujours plus naturelles.
Côté business $$$ : de la tendance virale aux revenux tangibles
La rentabilité du yoga facial est déjà mesurable. FaceGym a enregistré en mai 2025 environ 75 239 visites sur son site et 936 commandes, pour un panier moyen situé entre 175 $ et 200 $, soit bien au-dessus de la moyenne e-commerce beauté, souvent inférieure à 140 $. L’attrait pour les appareils haut de gamme, comme les masques LED ou les rouleaux vibrants, est confirmé par la presse lifestyle qui constate une explosion des ventes de soins DIY onéreux depuis la pandémie. À cette tendance s’ajoute une montée en puissance générale des beauty tools, valorisés à plus de 73 milliards en 2025. Autant de signaux qui prouvent qu’au-delà de la simple mode, le yoga facial constitue déjà un véritable marché à forte marge.
Le visage comme nouvel accessoire mode
Cette « mode musculaire » influence directement les directions artistiques : chez Johanna Parv, la mise en scène d’exercices faciaux en coulisses devient un storytelling fort, à égalité avec le choix musical ou encore celui de l’éclairage. Victoria Beckham capitalise sur le buzz en divulguant sur TikTok sa facial-routine anti-âge avant chaque show, alimentant ainsi sa propre narration de maison holistique. L’ovale sculpté devient un signe de style aussi codé qu’un sac iconique : il matérialise l’idée qu’un visage « travaillé naturellement » vaut autant qu’une silhouette stylisée.
Le yoga facial se situe au croisement de trois dynamiques : explosion de la culture self-care sur les réseaux (2,5 milliards de vues TikTok), recherche d’un idéal beauté « healthy » promu par les pros de la mode, et opportunités business palpables.
Les marques qui intégreront outils design, tutoriels rapides et preuves scientifiques devraient séduire une audience déjà prête à investir dans un accessoire aussi visible qu’un bijou et aussi rentable qu’un parfum.