La femme androgyne : tendance de mode 2011-2012

L’androgynie est à l’honneur cet hiver comme on a pu le voir dans un grand nombre de défilés pendant les fashion week. Summum de la création ou manque d’imagination, il semblerait que les designers, même les plus grands, et John Galliano en premier, n’ont aucun scrupule à s’inspirer du dressing masculin pour accoucher de leur collection.

Que ce soit à New York avec Ralph Lauren, à Londres avec Nicole Farhi et Margaret Howell, à Paris ou à Milan, tous on prôné le mélange des genres et célébré la mixité dans leur vestiaire prêt-à-porter ! Il en résulte des looks parfois décalés, parfois chics et par moment preppy.

Les amples chemisiers blancs, rigoureusement resserrés à la taille, côtoient les manteaux en queue de pie. Quant au smoking pour femme, il est préféré extra large.

Mais cette tendance homme-femme ne se retrouve pas seulement dans les coupes et le style de vêtement. Elle est également présente dans les matières utilisées : les créateurs ont opté pour des matières massives et brutes comme le gros lainage mais surtout le cuir.

À ce propos, Ralph Lauren en a fait sa matière de prédilection pour son vestiaire automne-hiver 2011-2012 : veste branchée ou robe moulante, les déclinaisons semblent infinies. Une petite touche féminine est apportée par la soie, matière douce qui allège et tempère une tenue trop violente.

Chaque créateur a exprimé à sa façon l’androgynie

Alviro Martini veut habiller l’executive woman avec des vestes à large épaules. Antonio Marras a moins insisté sur la virilité de son dressing ce qui ne l’a pas empêché de se lancer dans une féminité stricte. Chez Diesel Black, l’allure androgyne prend des airs BCBG.

Hermes s’est amusée à accorder une place de choix à une masculinité exacerbée dans son dressing.

Jean Paul Gaultier dévoile avec volupté une femme-dandy cet hiver. Krizia souligne la mixité de son vestiaire en associant le rouge à des vêtements typiquement masculins.

Max Mara met à l’honneur l’uniforme que ce soit au niveau des couleurs ou des associations.

Moschino fait la part belle aux pantalons taille haute qu’il coordonne avec une bouche carmin.

Ralph Lauren offre une allure chic et distinguée à ses créatures mi-homme, mi-femme.

Sonia Rykiel met en valeur le côté homme de la femme Rykiel par un costume à carreaux. Yohji Yamamoto privilégie quant à lui les coupes graphiques.

Chez Chanel on trouve une femme rebelle, adepte du look grunge androgyne. La femme Chanel s’adonne au plaisir des pantalons larges, s’essaie aux gabardines masculines ou expérimente les godillots. Voilà un renversement de situation qui nous propulse à des années lumières du petit tailleur en tweed de Coco. Celle-ci voulait une femme émancipée, Lagerfel a réalisé le souhait de la demoiselle non sans avoir ajouté un zeste de « modernité ».

Le créateur jordanien Rad Hourani a toujours prôné une mode avant-gardiste mais surtout androgyne, qui ne tient pas compte des tendances. Ainsi, son dressing hivernal jongle avec les volumes et les associations originales de matières pour révéler des coupes subtiles, structurées, mesurées et, évidemment, bien masculines.

Céline revoit à sa manière le smoking d’homme en lui collant une touche bien girly, pour rappeler sans doute le principe tant revendiqué de l’égalité homme-femme.

Jason Wu, petit protégé de Michelle Obama, oscille entre le style baroque-austère et un féminin-masculin, quand il ne marie pas les deux tendances. Ainsi, la femme Wu se pavane en pantalon cigarette surmonté d’un manteau gris arborant une coupe droite. Pour insister sur le côté garçon manqué, ses cheveux sont plaqués et parfaitement tirés en arrière. Mais pour bien rappeler que c’est bien d’une femme dont il s’agit, les pièces se parent de dentelles.

Dolce & Gabbana se prêtent également au jeu de la mixité et pour sûre, ils ne font pas dans la demi-mesure comme en atteste l’association slim disco-vestes 3/4 façon Al Capone. La femme à laquelle rêvent Domenico et Stefano assume sans complexe son androgynie et l’affiche sans retenue.

Enfin, l’élégance du dressing Paul Smith n’a pas réussi à éclipser son côté pragmatique et l’esprit décontracté qu’il dégage : l’égalité des sexes est ici plus que flagrant ! Bien que les pièces arborent des coupes légèrement masculines, elles sont parfaites pour se concocter un style bien preppy.